On est deux...

Je suis tout seul au fond de ce café, les sens embués par une fumée. J'effleure le pied de la table carrée, me remémore tous nos instants passés.

Son assiette encore chaude fume un peu, sa cigarette brûle dans le cendrier, la nappe en papier est toute tachée, mais je suis seul dans ce maudit café. Son parfum m'entoure de notes hespéridées, comme un restant d'une passion d'été, mais au dehors, la neige achève de tomber, et je suis loin de cette éternité dans ces lieux... Encore amoureux, dans ces lieux, dans ses yeux.

Je suis tout seul au fond de ce café, passe le plus clair du temps à regarder ces amants qui s'amusent à me jeter leur bonheur d'être à deux lits de s'aimer.

Je les habille de toutes les clartés, je les envie de leur félicité. Et soudain, je la revois qui souriait, mais encore une fois, elle s'est envolée. Alors je la suis l'œil émerveillé, et c'est dans l'œil éteint d'un vieux portrait que je me perds à contempler le souvenir de cet amour fané, dans ses yeux... Sous d'autres cieux, dans ces yeux, je me fais vieux...

Il est tout seul au fond de ce café, le regard vide, les cheveux décoiffés. Ses doigts agiles se sont égarés dans une grande serviette en papier. Ses yeux brisés sur moi se sont posés et pendant une

heure, on s'est contemplés. Y'a pas que moi dans ce maudit café, et dans le café des cœurs brisés, on est deux...

Texte inspiré de la chanson "On est deux" du duo "Cassandre" (aucun rapport avec mon prénom)