La muse urbaine
Dans le couchant doré d’un sous-bois électrique,
Une Maja dansant dans l’air encore pesant
Lui était apparue sur l’asphalte statique,
Apparition mystique, urbaine, vol-au-vent.
Il l’avait vue légère et dansant dans la rue,
Et il avait aimé son allure d’hirondelle.
Elle était folle et libre, elle dansait pieds nus,
Et lui, gauche, transi, déifiait la belle.
« Qui es-tu belle nymphe », murmura l’amoureux.
« Elvira », ria-t-elle tout en ralentissant.
Il lui dit qu’il l’aimait et qu’il aimait ses yeux ;
« Je n’aime pas l’Amour », dit-elle en frémissant.
Elvira le laissa s’approcher lentement,
Confiante telle une biche, attendant le chasseur
Impuissant et chétif comme une mère son enfant.
Ils furent réunis d’une même langueur.
« Quand nous reverrons-nous » avait-il demandé,
Et ses yeux implorants lui laissaient entrevoir
L’infinie dévotion d’un amour torturé.
« Tu me vois » avait-elle répondu dans le noir.
Puis elle avait cité « Paris est tout petit
Pour ceux qui s’aiment comme nous d’un aussi grand Amour ».
Elle l’avait embrassé puis elle était partie.
Qu’avait-elle besoin de porter un cœur lourd ?