Les violons
Musique vivace et légère, ô liberté!
Violons qui sautillent et qui dansent, douce gaité !
C’est sur votre air qu’au cinéma fuient les amants
Main dans la main, tournant le dos aux éléments.
Amour, joie, liesse ! Ô liberté, douce chimère,
Vos mélodies, à qui l’entend, fait voir des fers :
« Mais que fais-je donc ainsi lié à mon bureau,
A ma famille, à mes fenêtres et leurs barreaux ? »
L’on veut sauter, l’on veut et éprouver
Ce beau mystère que vous, violons, savez jouer.
Et nous rêvons : « Ah qu’ils sont libres ces violons,
Ils me font vivre, ils me rendent libre ! » Et nous pleurons.
Triste chimère, la liberté. Une illusion.
Car les violons sont soumis à leurs partitions,
Et la musique est asservie à bien des lois
- une science minutieuse que de jouer « fa ».
Mais enchaîné à son pupitre et à ses notes,
Le violoniste, s’il maitrise l’Art, ouvre la porte
A qui l’entend de l’illusion, de la beauté,
Des rêveries, du monde et de la liberté.
Et ainsi naît cette utopie dans notre cœur :
Elle naît des fers, de la contrainte et du labeur.